Orgosolo et ses murales
Avant notre séjour en Sardaigne plusieurs amis nous conseillaient d’aller à Orgosolo. Sur la carte j’ai pointé ce village au cœur de l’île, à quelques kilomètres d’une ville Nuoro, une des villes importantes .
Arrivé sur notre lieu de vacances, confirmation ! dans la liste des excursions à réaliser sur une journée, une destination revenait régulièrement « Orgoloso ». Mais qu’a-t-il de particulier ce lieu ?
Arrivée à Orgoloso
Accueil chaleureux
Les touristes affluent nombreux dans ce bourg, c’est sûrement pour cela qu’une sculpture moderne a été édifiée face à un panorama sur plombant la région.
Le texte est écrit en sarde. Il s’adresse à l’étranger (istranzu), il parle de paix (paghe), et à la fin il parle d’un édifice sarde assez commun qu’est le nuraghe. Et ce serait probablement une phrase de Giovanni Pira qui est un poète originaire d’Orgoloso.
« Bon étranger ! Dans la paix nous t’accueillons et la paix nous te […] . Parce qu’avec celle que tu nous donnes et celle que nous te donnons, nous faisons une nuraghe d’amitié. »
Dès notre arrivée, un mural met dans l’ambiance.
« Heureux le peuple qui n’a pas besoin de héros » . Cette fresque est accompagnée d’une citation de Gino Strada, (1948-2021) chirurgien de guerre italien, fondateur de l’ONG Emergency, qui œuvre en aide aux victimes civils de guerre. « La guerre signifie massacrer des civils et mettre un gouvernement qui garantit le pouvoir économique »
Des affiches à l’origine
Le phénomène muralistique à Orgoloso est né en 1975. Au début il s’agissait d’affiches destinées aux salles de classe et aux murs du pays. L’objectif était d’éveiller la population du village aux événements locaux ou internationaux, sur la citoyenneté en quelques sortes. Peut être que les affiches de mai 68 à Paris donnèrent des idées aux étudiants qui apprécièrent l’initiative. Les mouvements muralistes mexicains et chiliens ont également influencé les sardes.
De 1968 à 1970, les affiches de contestation et de revendication sont réalisées par un professeur de dessin, Francesco Del Casino avec certains habitants dans l’association : Circolo Giovanile d’Orsoloso » . Elles deviendront les esquisses des peintures murales reprises sur plusieurs fresques. Un des sujets qui a mobilisé les dessinateurs, la lutte de Pratobello, contre l’extension d’un camp militaire.
Traduction de l’affiche de gauche : « Mairie. Maison du Peuple. Le peuple décide et le maire signe. »
En bas à droite et en rouge : « Ce qui se passe à Pratobello, contre l’élevage et l’agriculteur, est une provocation d’ordre colonial. Il faut remonter à la période du fascisme pour retrouver un événement pareil. Pour cette raison je me sens solidaire des bergers et des agriculteurs d’Orgoloso qui résistent avec courage et si je n’étais pas en mauvaise santé, je serai parmi eux . Emile Lussu juillet 1969″
La révolution chilienne a également inspiré les premières fresques comme celle ci illustrant ce poème chilien .
« Nous prenons dans les ombres du coucher du soleil des gouttes de pluie fine. Nuit longue de soleil sous les ombres…Ombre partout nous ramassons des blessés, des morts. Nous tenons serré la rage comme quelque chose qui s’aime. Nous goutons la haine comme un aliment. nous reculons mais nous reviendrons demain. « Ils ne savent pas que nous avons beaucoup d’octobres dans notre histoire. Généraux sur votre septembre, tombera notre octobre. »
Le plus fréquent thème a, la paix et la guerre
Les grands acteurs politiques
Les hommes qui ont marqué l’époque et leurs idées sont enseignés en classe mais surtout sur les murs…je pense aux fresques des églises qui racontent les histoires. L’instigateur de ce programme pédagogique est le professeur de dessin Fanscesco Del Casino, qui a réalisé 90% des peintures . Il a enseigné à Orgoloso pendant 20 ans avant de retourner à Sienne sa ville natale. Pendant ses séjours d’été, il est aidé par plusieurs générations d’étudiants qui ont été ses élèves à l’école secondaire d’Orgoloso.
Traduction : « Surtout il faut être capable de sentir dans le plus profond de son cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui en n’importe quel endroit du monde. C’est la qualité plus belle d’un révolutionnaire. »
« Non à la guerre »
« Pas en mon nom »
La vie sociale et contestataire
L’histoire locale et vie quotidienne
Outre les luttes et les contestations, la vie du village tient une place importante.
Humours
Des artistes italiens ou étrangers ont réalisé des ouvrages pour remercier la population orgolaise de son hospitalité.
Frustré
Dommage lors de cette visite, très incomplète, je n’ai pu photographier que 117 fresques sur les 250 murales annoncées dans le guide… en plus j’ai choisi de ne pas publier tout. J’envisage d’ailleurs de réaliser un album photo pour conserver le plus de photos.
Je suis frustré de n’avoir pas pu rencontrer des habitants, surtout des jeunes. Je leur aurai posé ces questions .
En delà de l’intérêt économique et touristique que leur apporte ce joyau. Sont-ils fiers de faire découvrir, en image, leur Histoire, leur vie quotidienne, les idées de leurs parents et grands parents comme un musée à ciel ouvert ? Que pensent-t-ils des idées, souvent très contestataires, de leurs parents et grands parents exposées sur ces fresques? Comment reçoivent-ils les dernières réalisations moins marquées politiquement. Je suis très intéressé par des commentaires pour alimenter mon questionnement.
Merci à mes lecteurs qui pourront répondre à ces interrogations. Merci également à Ilénia et à Clara pour leur traduction de plusieurs textes qui légendent ces photos.
One thought on “Orgosolo et ses murales”
Je viens de visiter orgosolo et vraiment j ai eu le coups de cœur pour ce village .Ses fresques avec toutes une revendication ou une façon de vivre .