Voyage en Arménie (1)

Voyage en Arménie (1)

Nous revenons d’Arménie. Nous y étions du 13 au 19 octobre 2018. Notre guide s’appelle Marietta Muradyan, on en reparlera. Pour la contacter par mail : marietta.muradyan@yahoo.com

L’Arménie et ses 3 millions d’habitants sur une surface de près de 30 000 km2 est entourée de la Turquie, l’Iran, l’Azerbaïdjan et la Géorgie

Tout au long de notre voyage, nous n’avons cessé de penser et de parler de « nos amis arméniens » . C’est pourquoi j’ai imaginé raconter ce voyage comme s’ils nous accompagnaient, un souhait que nous avions souvent exprimé ensemble et qui n’a pu se réaliser…

Retour en arrière, 2007

Cette année là nous nous sommes liés d’amitié avec Arkadi, Almaz et leurs enfants . Mon épouse leur donnait des cours de français au Centre social ; la maman Almaz a trois garçons et c’est sûrement ce point commun qui a renforcé l’inhabituelle proximité qui s’est tissé entre la « prof » et les apprenants.

Almaz et Arkadi son mari étaient réfugiés dans notre quartier, ils venaient d’Armenie via la Russie. A leur mariage, ils n’avaient pu s’installer chez Arkadi en Arménie parcequ’Almaz, son épouse était originaire d’ Azerbaïdjan et que les deux pays étaient en guerre . Ils avaient fui leurs pays et étaient demeurés plusieurs années en Russie, malheureusement à cause d’une xénophobie de plus en plus importante, Arkadi n’y trouvait plus de travail et ils avaient dû reprendre le chemin d’un nouvel exil . Je me souviens de la douleur d’Almaz qui n’avait pas revu ses parents depuis très longtemps.

Arkadi et Almaz entourés de leurs enfants

Leur fils aîné Sergei avait appris le français en 6 mois, il était l’interprète de la famille et s’occupait de toutes les démarches administratives. Arkadi et Sergei ne pouvaient pas travailler tant qu’ils n’avaient pas obtenu leurs cartes de séjour. Les deux autres garçons étaient l’un en primaire l’autre au collège. Je me souviens avoir visiter tous les carrossiers des environs à la recherche d’un stage de 3eme pour Maïs qui voulait apprendre le métier de carrossier, malheureusement son faciès effrayait des employeurs potentiels .

Le cas d’Arkadi et d’Almaz étant jugé conforme aux lois sur l’accueil des réfugiés, ces derniers ont obtenu leurs papiers. La préfecture a contesté l’authenticité du permis de conduire d’Arkadi , je l’ai accompagné au Tribunal Administratif où il a gagné. Nous allions chez eux où ils vivaient dans un logement d’urgence équipé par la Croix Rouge. Même s’ils ne nous attendaient pas, la table était très vite couverte de mets, brochettes et gâteaux . Nous étions stupéfait de leur accueil, eux qui étaient arrivés sans rien et n’avaient pas de travail . Almaz faisait la fin du marché pour acheter les légumes moins chers.

Le cours de leur vie reprenait malgré l’exil. La communauté arménienne de la région a fait preuve de beaucoup de solidarité. Sergei s’est marié, nous avons été invité au mariage et nous nous sommes retrouvés seuls français dans une noce de 300 convives issus de la diaspora !

Au cours du mariage célébré par un prêtre arménien de Paris

Depuis nos amis ont quitté la région pour le sud pour trouver plus facilement du travail . Ils se sont installés.  Sergei a monté son entreprise. Maïs, le collégien a poursuivi son rêve d’être carrossier, il a d’ailleurs été sacré meilleur apprenti de l’académie d’Aquitaine…

Visiter l’Arménie avec Arkadi et Almaz, en imagination

Cet automne 2018 nous nous retrouvons en route pour Erevan, capitale de l’Arménie. Hasard du calendrier nous arrivons le lendemain du XVII ème Sommet de la Francophonie et  quelques jours après le décès de Charles Aznavour, l’arménien le plus célèbre et le chanteur français préféré d’Almaz.

Fleurs, ballons pour les retrouvailles à l’aéroport

2018 Erevan

Pour retrouver la capitale rien de mieux que de monter au parc de la Victoire sur l’une des 7 collines qui entourent la ville .

Du haut de ses 36 mètres la Mère Arménie domine le centre d’Erevan
Des armes autour de la Mère Arménie rappellent que l’Arménie est toujours en guerre, celle qui avait fait fuir Arkadi et Almaz
Erevan, une capitale hérissée de building. Ça a bien changé depuis le départ de Arkadi, il y a plus de 20 ans. Les financements de la Banque Mondiale et le FMI ont sûrement favorisé ce développement.
Dans le parc nous croisons un ancien champion de boxe, Maïs a été lui aussi champion départemental de boxe … en France.

 Colline des Hirondelles,

Comme tous les arméniens de retour et … leurs amis de passage, nous nous recueillons au Mémorial du Génocide des arméniens de 1915. Nous déposons auprès de la flamme éternelle, une rose…

Arkadi ne  pense pas avoir eu d’ancêtres victimes de ce génocide, heureusement sa famille ne vivait pas sur le territoire actuel de la Turquie (Anatolie).  Déportations, famines et massacres perpétrés par le régime  turc, jusqu’en 1923, provoquèrent 1,2 million de victimes.

A coté de ce Mémorial où la nation arménienne se retrouve, un musée rappelle les différentes phases du Génocide, une histoire très complexe où entremêlent les histoires de nos pays européens.

Dans l’exposition sur le Génocide, des photos anciennes rappellent des photos récentes … prises sur les plages grecques, des syriens et peut être des arméniens déportés à Alep ou Deir ez Zor.

La nuit s’empare de Erevan et notre première journée se termine , demain nous serons à la campagne dans le village d’où serait originaire Arkadi .

La Cascade avec ses 118 m de haut sur 50 de large. Elle a été imaginée par Alexandre Tamanian, grand architecte de la ville
Du haut de la Cascade, l’avenue du Nord et l’Opéra

3 réflexions sur « Voyage en Arménie (1) »

  1. Bonjour Bernard
    Toujours aussi intéressants tes reportages et celui ci est très émouvant de part le texte et les magnifiques photos
    Très amicalement
    Christiane

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *