Une journée à Massay

Une journée à Massay

L’affiche de l’expo

Une découverte

Le sympatique logo

Massay est un village du Berry, de 1350 habitants, au sud de Vierzon et à l’Ouest de Bourges. Son église paroissiale Saint Martin est majestueuse avec ses vitraux (ci dessous), son orgue ancien qui vient d’être restauré . A proximité, les vestiges de l’immense abbaye cistercienne du XII eme siècle se blottissent dans un écrin de verdure soigné admirablement par le village. Dans la salle capitulaire et ses colonnettes un centre d’info diffusent la documentation sur l’abbaye qui a vu Charlemagne, Saint Louis et même le pape Pie VII en 1814. Dans la chapelle de l’abbé, élevée au XIIème siècle, se tiennent les expositions comme celle d’aujourd’hui avec les oeuvres de Hélène Merle, Françoise Bonnamy, Anne Boisaubert, Vincent Haller et Jean Claude Baumier.

Des rencontres

Le repas partagé avec les artistes, de gauche à droite, Vincent, Françoise et Hélène

Hélène Merle, la photographe

Devant ses photos grands formats sur Dibond (composite), elle m’explique « J’ai suivi pendant huit mois, de juillet à mars, une famille de cygnes, toujours au même endroitJ’ai eu la chance d’assister au combat entre deux mâles pour leur supériorité, un peu comme les cerfs lors du brame . Elle montre les trois photos des cygnes aux différents étapes de leur combat.

A un autre moment de notre rencontre Hélène nous rappelle l’initiative d’un collectif  : « À partir d’une de mes photographies choisies par chaque artiste, ceux ci ont interprétés librement, selon leur ressenti par une sculpture, une peinture, un fusain et même un textile. Nous avons pu exposer la photo et le résultat du regard des autres chacun dans leur domaine. L’exposition a été riche et variée de par ses formats différents, la grandeur des œuvres, leur place, au mur, sur socle, à terre, et sert à aiguiser le regard, observer, comparer.

Hélène fait beaucoup de photos de paysages, de sa région le Poitou, le Berry et la Brenne . Je ne peux vous les faire partager car je ne prends pas en photo des photos…Pourtant un cliché m’attirait , un champs d’orge encore vert qui balayé par le vent ondulait sous un ciel qu’elle avait minutieusement choisi.

Francoise Bonnamy, peintre

Francoise , accompagnée de son mari, est une retraitée qui a repris le dessin et la peinture après sa vie professionnelle . Jeune, passionnée par le dessin et la peinture, elle avait fait des études d’art qui l’ont amené à travailler dans l’édition et dans le packaging pour des grands parfumeurs de Paris.

Depuis ils se sont établi en Poitou en 2002 et a repris la peinture et les expositions. Ce qui lui a couté toujours inquiète de « ce que dira le public » en voyant ses toiles, un sentiment que rencontrent régulièrement les artistes.

Vu les détails que comportent ces oeuvres, je ne suis pas étonné quant elle m’avoue qu’elle passe beaucoup de temps sur chaque réalisation.

« Pommier en fleurs  » huile 100×81

Maintenant Françoise apprécie « faire » des salons . Elle y rencontre des artistes « on fait connaissance et on s’invite ». En 2021 en Belgique et en Corse, en 2024 à Versailles, en juillet 2025 elle a expose à Vittel et … elle franchira la Manche pour être les 17-18-19 octobre à … Londres, pour une timide, bravo !

Vincent Haller, fusain

Une intuition de génie, peintre classique voici encore deux ans, Vincent Haller a eu une intuition de génie. « J’ai compris qu’on pouvait pousser le travail traditionnel du fusain bien plus loin. Le travailler un peu à la manière de la peinture en réalisant des glacis successifs pour obtenir des noirs de plus en plus profonds. » déclarer-il dans une interview.

Quand je suis entré dans la salle capitulaire de l’abbaye, « j’en ai pris plein la figure », mon regard a été presque agressé par les oeuvres exposées, des portraits hyperréalismes de célébrités . Je me suis approché et j’ai découvert que c’était des fusains. Quelle densité et quelle perfection quand on s’approche . Voyant mon étonnement, Vincent m’a montré sa technique et ses « outils » pour réaliser ces chefs d’oeuvre. Des milliards de traits noirs du fusain ou blancs de la craie, constituent le grain de la peau. Facile quand on peut s’accrocher aux rides du portrait, très difficile pour une peau de bébé !

« Ce que je recherche, c’est rester fidèle à mon modèle, lui donner vie comme le ferait un écrivain avec son personnage tout en créant une intimité forte avec le spectateur. »

Jean Claude Baumier, Maître pastelliste

Jean Claude Baumier vient de la région orléanaise. Je l’ai retrouvé à plusieurs reprises dans des expositions de la région.

Son CV indique qu’il est enseignant à la Société des Pastellistes de France. Il n’expose dans un endroit sans proposer préalablement un stage sur le lieu qui l’accueille. C’était le cas à Massay.

Il semble amoureux de tous ses tableaux car il n’hésite pas à qualifier chacun d’eux d’admirable. Il a raison parce que chaque peinture est unique, elles ont toutes une particularité qui tente le spectateur de la retrouver sur un mur de sa maison. Pendant notre conversation j’ai eu la chance de profiter d’un « cours » et je viens de retrouver sur Internet, le site de JC Baumier, un résumé de l’explication qu’il m’a prodigué.

La peinture est formes et couleurs. 
Formes : le paysage est profondeur, sur une page rectangulaire qui impose sa loi, le peintre creuse un autre espace où le regard s’oblige à plonger. 
Couleurs : restitution du dialogue nourricier de l’homme et de la nature, la pose des couleurs traduit le scintillement de la lumière qui, par essence, ignore le nom et le contour des choses. La lumière naît des contrastes entre les tons, des rapports des teintes, du raffinement des passages. 
Le paysage s’inscrit de plus en plus dans le temps. Il relate un instant dans une fixation, qui immobilise un moment fugace. Voilà ce qui captive vraiment Jean-Claude Baumier : entre réalité perçue et mémoire retrouvée, se jouent ses espaces en forme de paysage. Il n’oublie jamais qu’il s’agit de peinture, d’une histoire sans paroles de formes et de couleurs.

Emmanuelle Tenailleau
Expert en art moderne et contemporain. 
Historienne de l’Art.

Jean Claude Baumier

Le hasard des rayons de soleil qui pénétraient dans la chapelle m’a permis de faire la photo ci-dessous : sur trois plans comme dans les pastels de Jean Claude Baumier qui superposent plusieurs traits de pastels pour donner l’ambiance de ses paysages. Le premier plan est « L’or de Camille » d’Anne Boisaubert, le deuxième encadré un pastel de Jean Claude Baumier dans lequel se reflète deux sculptures de Anne Boisaubert, « l’or de Camille et « Requiem de Loire »

Anne Boisaubert, la sculptriste

L’amie qui me fait découvrir gentiement ses amis artistes depuis plusieurs années au gré des salons où elle m’invite, c’est Anne Boisaubert .

« L’or de Camille »

En revenant de Chateaudun où elle m’avait fait admirer le travail de « son » fondeur, Anne Boisaubert m’a raconter comment elle s’était engagée dans la sculpture :  » il y a une quinzaine d’année j’ai eu un grand coup de cœur  pour les oeuvres d’une sculptrice dans un salon de la région. Je n’avais jamais pensé être sculptrice, j’étais cadre d’une entreprise d’export et mère de famille de trois enfants. Une céramiste orléanaise m’a tout appris dans ses cours. J’ai complété son enseignement en suivant des cours de dessins et de sculpture chez une autre artiste orléanaise. »

Anne Boisaubert est une de ces autodidactes qui prouvent que l’art, cette noble activité humaine, est à la portée de toutes et de tous, pas seulement des étudiants des écoles d’art.

« Vierge à l’enfant » dans les mains de sa sculptrice

Depuis Anne Boisaubert travaille beaucoup car elle sait mener de front la création et la communication (voir son blog : https://anne-boisaubert.fr ), on dit dans son milieu qu’elle excelle pour valoriser son travail .

Il est enrichissant de l’écouter parler des personnages qu’elle sculpte comme Beethoven, Camille Claudel. A Massay, forte de l’étude qu’elle avait menée sur Hélène Bertaux (1825-1909) avant de la sculpter, Anne ne tarissait pas d’éloges pour « Hélène Bertaux, sculptrice grâce à qui les femmes ont pu enfin étudier à l’École des beaux-arts ! » selon de magazine Beaux Arts de mars 2025.

Anne Boisaubert parcourt …la France, les Salons dans lesquels elle expose ses oeuvres en étant souvent l’invitée d’honneur comme cette année en juillet à St Michel de Chavaignes (72) pour Hélène Bertaux ou au salon des Artistes Français eu Grand Palais de Paris en février .

Elle a aussi un projet à long court : faire installer « Requiem de Loire » sur le pont de Châtillon sur Loire .

Enfin Anne Boisaubert, par son charisme, sa réputation et ses connaissances, facilite souvent la recherche des organisateurs de salon d’art.

Monsieur le guide

Parmi les personnes que j’ai eu l’honneur de côtoyer pendant la journée, il y a Monsieur le guide, le bénévole. Je ne connais pas son nom mais je repense à lui, il m’a impressionné par sa sympathie, sa disponibilité et ses compétences pour présenter le patrimoine de son village. Il guidait les visiteurs et surtout il rendait service aux exposants pendant le Week End . Chapeau et merci !

Pour terminer la journée…un trésor offert par les peintres du Moyen Age

Les fresques (XII) de l’église ST Aignan de Brinay à quelques kilomètres de Massay

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