Les Contemplés

Les Contemplés

Livre de Pauline Hillier

Copie de la deuxième de couverture du livre, Edition « La Manufacture de livres »

L’autrice a participé à l’émission de TV « La grande librairie » il y a plusieurs semaines . Pauline Hillier était entourée de Robert Saviano (Gamorra), Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo, Irène Frachon , pneumologue au CHU de Brest et lanceuse d’alerte sur l’affaire du Mediator. Le thème de l’émission était le combat contre intolérance et la liberté d’expression.

L’autrice a été incarcérée avec deux autres « femen » venues de France, pour avoir manifesté à Tunis en soutien à une militante tunisienne arrêtée pour avoir peint «FEMEN» sur le muret d’un cimetière musulman pour protester contre un rassemblement salafiste à Kairouan (centre).

Sur les murs les graffitis de la Révolution du Jasmin, décembre 2010-janvier 2011 (RDC = Ben Ali)

Pourquoi les Contemplées ?

Les Contemplations de Victor Hugo est le seul livre de voyage que l’auteure a été autorisée à garder avec elle. « C’est assez ironique pour quelqu’un qui n’a rien d’autre à contempler qu’un plafond et des murs décrépis. » Tout en profitant de l’évasion provoquée par les poèmes de Victor Hugo, les marges du livre lui serviront à prendre des notes . Elle va observer ses 28 codétenues tout en participant à leur vie quotidienne dans ce nouvel univers de la prison de femmes tunisienne, la Manouba.

La prison de femmes, la Manouba.

Il s’agit de la prison de la banlieue de Tunis réputée effroyable par de nombreux rapports même récents de la Ligues des droits de l’Homme locale. https://nawaat.org/2022/05/12/prison-pour-femmes-en-tunisie-chatiment-sans-rehabilitation/

Centre de Tunis en 2012, aux abords du ministère de l’Intérieur

La particularité de ce roman

Ce n’est pas seulement le récit de l’auteure sur sa vie en prison , la promiscuité avec les détenues, les conditions d’hygiène, le manque de nourriture, la surveillance permanente ,etc . C’est d’abord le récit de la vie antérieure de ses codétenues .

Pour cela, extraordinairement elle a réussi à se faire accepter et même à devenir amie malgré la langue et ses origines différntes. Elle a utilisé un stratagème, lire les lignes de la main.

Hafida a remarqué ma présence et me fait une petite place sur le lit tandis qu’une de ses camarades me tend une cigarette. Je ne comprend rien aux discussions mais je suis heureuse de pouvoir faire semblant … Quand elle me sent un peu perdue dans la conversation elle me prend la main pour me rassurer, et c’est alors que me vient une drôle d’idée. Je tourne sa paume vers moi, puis je passe un doigt dans le sillon de ses lignes pour en détailler les coupures et es croisements. Quand je relève la tête, le silence s’est fait autour de la table… C’est ma mère qui m’a appris à lire les lignes de la main quand j’étais adolescence…

page 46 « Les contemplés »

Et ainsi elle recueillera de nombreux témoignages qu’elle a complété pour ce livre d’une documentation sur la vie quotidienne des tunisiennes. Elle en ignorait sûrement les détails quand elle débarquait à Tunis. Pleine de générosité, avec ses amies européennes, elle était venue « torse nu » protester…

Si elle n’a pas changé la condition féminine en Tunisie, son livre est le témoignage de son vécu parmi quelques femmes de cette société, peut être les plus victimes des pouvoirs.

Dans les semaines qui ont suivi ma libération pas une journée n’ est passée sans que je pense à elles.A chaque heure je pouvais savoir ce qu’elles faisaient tant je connaissais par cœur leur quotidien immuable et monotone, et cette pensée obsédante me torturait .

page 167 « Les contemplés »

Ce livre montre avant tout la volonté et la force de ces femmes , un genre de révolte pour survivre .

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