Un monument de la polonité

Un monument de la polonité

Suite et dernier article de mon voyage en Pologne début juillet 2025

C’est Mickiewicz, le grand poète polonais qui écrivit lors de son exil à …Paris, « Messire Thaddée » ou  » Pan Tadeusz » . Une histoire de gentils hommes polonais des années 1811 et 1812.

Pourquoi ce livre sur mon bureau ?

Le sculpteur Marin Murek

J’ai découvert Pan Tadeusz grâce au sculpteur polonais Marin Murek . En effet dans son auberge (voir l’article précédent) l’artiste nous invite à partager l’univers de Pan Tadeusz.

Vexé de ne pas connaître cette histoire, pourtant « très connue » d’après mes amis polonais, j’ai voulu en savoir plus et vous faire profiter de mes recherches pour compléter les quelques photos des sculptures qui ont attiré mon attention parmi les trente six tableaux en bas relief et des personnages grandeur nature qui peuplent ce lieu .

Le bas-relief est une sculpture adhérant à un fond duquel elle se détache avec une faible saillie.

Histoire de Pan Tadeusz

Adam Mickiewicz est l’auteur du célèbre poème polonais, Pan Tadeusz, publié à Paris, en 1834. Messire Thaddée (Pan Tadeusz) a été écrit et publié à Paris en 1833-34, lors de l’exil d’Adam Mickiewicz en France. Ce long poème est écrit en vers impairs de 13 syllabes. L’œuvre se compose de 12 grands chapitres. Elle est inspirée des traditions du roman historique .

Cette épopée se déroule à la fin de l’été 1811 et au printemps 1812. Le lieu des événements est un manoir noble en Lituanie et ses environs. Il y a une tentative de préparation d’un soulèvement armé soutenant Napoléon contre la Russie. Tadeusz et son amoureuse Zosia victimes des différents bouleversements géopolitiques régionaux dans leurs jeunesse sont plein d’idéaux. Une grande partie de cette épopée est occupée des différents entre les nobles jugés selon des droits ancestraux conduisant à des luttes fratricides très conservatrices et traditionalistes. L’ambiance générale est à un certain patriotisme dans un environnement luxuriant qui donne une image harmonieuse de la Lituanie et des polonais.

La République Polonaise dite la République des Deux Nations, Lituanie et Royaume de Pologne ( 1569-1795) fut rayée de la carte par ses voisins la Russie, la Prusse et l’Autriche).

Monument de la polonité …

J’ai lu qu’en Pologne, tous les enfants apprennent par cœur un extrait de « Pan Tadeusz » appelé « l’Invocation » .

O Sainte Vierge, Toi qui défends la claire colline de Czestochowa

Et resplendis dans la porte de l’Aurore ! Toi qui le château

De NOWOGRODEK ainsi que ses habitants fidèles protèges !

De même que l’enfant miraculeusement Tu me rendis la santé

Lorsque, par ma mère en pleure à Ta protection

Confié, j’ai relevé une paupière morte

Par le même miracle Tu nous renverras dans le giron de la Patrie !

Livre premier Le domaine

Tous les textes et les notes sont issus du livre traduit du polonais par Richard Wojnarowski (première photo ci-dessus)

Quelques bas reliefs

Au milieu marchait une jeune fille en tenue légère,

Immergé jusqu’au genoux dans la mer de verdure;

En descendant des planches dans les allées elle semblait ne pas marcher

Mais nager dans les feuilles, se baigner dans la couleur.

Livre II Le château


Monsieur le Comte, ravi par un spectacle aussi merveilleux

Restait silencieux. Entendant la cavalcade de ses compagnons au loin,

Le Comte fut réveillé par un sifflement dans son dos et sur sa tête

C’était le bernardin, le quêteur Robak, qui tenait dans sa main

Sa cordillère à noeuds*…:

Vous voulez des concombres, cher ami ? cria-t-il en voilà.

Pas question, monsieur de marauder, de ces plates-bandes

Les fruits ne sont pas pour vous, cher ami, vous n’en tirerez rien  »

Livre II le château

*les noeuds d’une cordelière de moine s’appelaient « ogorki », concombres.


A la main une énorme canne : ainsi se déplace monsieur leJuge.

Après s’être lavé les mains en se baissant dans le ruisseau,

Devant Télimène il s’assit sur une grosse pierre

Et s’appuyant les deux mains sur le pommeau d’ivoire

De l’énorme canne, il lui tint ce discours :

« Voyez-vous, ma chère, depuis qu’il est arrivé chez nous

Mon petit Thaddée m’inquiète beaucoup ;

Je suis sans enfant, vieux; ce brave garçon

C’est mon seul réconfort au monde,

Le futur héritier de ma petite fortune.

Livre III Flirts


Un hôte inattendu, entrant en hâte, le garde forestier;

Il ne fit même pas attention que c’était justement l’heure du diner,

Accourût auprès du Maître; on voyait à son allure et à sa mine

Qu’il était porteur d’une nouvelle importante et peu ordinaire .

Toute l’assemble vers lui tourna les yeux,

Et lui reprenant un peu haleine, dit : « Ours, Monseigneur ! »

Livre III Flirts


On fit venir la femme de chambre et une jeune domestique,

Dans une cuvette d’argent on déversa un broc d’eau.

Zosia, comme un petit oiseau dans le sable, s’ébroue, se lave

Les bras, le visage et le cou, aidée de la domestique.

On se mit à lui enlever ses papillotes posées au fer à friser,

Les boucles, trop courtes, furent tressées en deux nattes,

Laissant les cheveux à plat sur le front et les tempes;

Livre V La dispute


Au milieu d’eux, assis sur une gerbe d’épis, l’Econome

S’ennuie, tourne la tête dans tous les sens, ne regarde pas le travail,

Mais jette des coups d’oeil sur la grand-route, aux carrefours,

Où des choses extraordinaires se passaient.

Sur la grand-route et les routes, depuis le petit matin

Regne une agitation inhabituelle. Par ici une charrette paysanne,

En grinçant vole comme le courrier ; par là un briska de gentilhomme

Livre VI Le village de petits nobles


Bientôt Gerwazy dans la foule se fraya un chemin

Jusqu’au centre de la pièce, fit briller son Canif autour de lui ;

Puis inclinant sa pointe vers le bas en signe de salutation

Devant Matthieu, dit : « Le Canif salue la Vergette.

Vous savez, le bruit en court depuis longtemps dans vos villages,

Que de grandes choses se préparent dans le monde ;

Le père Robak en a parlé : vous êtes tous au courant ? »

Pas vrai ?  » « Oui » dirent-ils.  » Quand l’empereur français –

Dit le Porte-clés- d’un coté s’approche, et de l’autre le star russe,

Alors c’est la guerre : tsar contre empereur, rois contre rois

Vont s’étriper, comme il en a d’habitude chez les monarques.

Livre VII, Le conseil


Tous devinèrent que c’était l’entrée du père Quêteur*.

Et donc monsieur le Juge, averti des devoirs d’un maître de maison,

Sortit à la porte pour accueillir le visiteur. Le Père sur le premier briska*

Se trouvait, dans sa capuche dissimulant à moitié son visage,

Mais on le reconnut rapidement, car lorsqu’il repassa les prisonniers,

Vers eux il tourna le visage leur fit signe du doigt.

Livre IX La bataille

  • briska: voiture
  • Quêteur : religieux chargé de collecter des fonds pour l’entretien d’un monastère


De nouveau il joue. Déjà les mailloches si légèrement frémissent

Qu’on croirait qu’une aile de mouche sur la corde a tinté,

Emettant, à peine audibles, de légers bourdonnements.

Le maître continuait à regarder le ciel, attendant l’inspiration.

Du haut il regarda, d’un oeil plein de fierté embrassa son instrument,

Leva les bras, les abaissa ensemble, frappant de ses deux mailloches :

Les auditeurs furent stupéfaits.

Résonne la Polonaise du Trois Mai ! Les notes entrainantes

Respirent la joie, de joie abreuvent l’oreille ;

Les filles veulent danser, les garçons se tiennent en place.

Livre XII Aimons-nous


Des personnages

Le sculpteur Marin Murek

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